4h du matin. Thé chaud au citron. Mon pc et le calme de la nuit. Écrire quand toute la maisonnée, chats compris, dort encore… J’aime ces moments où tous les possibles se déploient sous mes doigts, où la promesse du jour emporte mon esprit dans des sphères créatrices que je ne soupçonnais pas il y a encore quelques années. 
 
Voici un écrit un peu particulier ce mois-ci, très personnel. Pour vous annoncer la sortie de mon premier livre, mon troisième Schtroumpf, les deux premiers flottant tranquillement dans l’astral à l’instant où j’écris ces lignes.
 
« Guérir des blessures d’attachement », publié chez Eyrolles, aborde un thème qui touche bon nombre d’entre nous, peut-être pas tous, les sécures innés passeront probablement leur chemin, occupés avant tout à vivre l’instant et bien leur en fasse. N’en reste pas moins 50 à 60% de la population générale dont l’attachement insécure, ou du moins ce qu’il en reste pour ceux qui ont cheminé, qui seront interpellés par ces questions de relations (toujours) compliquées et insatisfaisantes.
 
Je pourrai évoquer les aspects majeurs de la théorie de l’attachement qui me passionne depuis des années et ainsi « teaser » le futur lectorat, mais mon cœur m’indique plutôt d’aller sur un écrit plus intime pour partager avec vous, non pas le fond et la matière, mais davantage la forme et l’énergie avec laquelle j’ai écrit ce livre à l’automne 2019. La matière n’étant qu’énergie cristallisée, vous en comprendrez d’autant mieux, plus instinctivement, le contenu à proprement dit.
 
On ne parle jamais aussi bien que de ce que l’on connaît personnellement. Encore faut-il avoir le recul nécessaire pour s’observer soi-même et ne plus être collé(e) à son histoire pour épargner ses lecteurs de projections polluantes. Je sens que je suis encore en route là-dessus. Ainsi dans ce premier livre ma propre trajectoire de vie n’apparait pas explicitement, mais il est tout-de-même empreint à un niveau plus subtil de mes blessures et de ma résilience face à celles-ci. Peut-être un jour écrirai-je et publierai-je une matière plus personnelle quand ce sera le moment. En attendant, je vais livrer quelques grandes lignes pour, à travers celles-ci, diffuser l’essence de ce que j’appelle les blessures d’attachement et de leur guérison.
 
Grandir au milieu du désert fut mon enfance et mon adolescence. Pour décor de celles-ci, j’ai poussé entre une mère absente psychiquement, car trop engluée dans des souffrances de lignée féminine bafouée, et un père tout aussi absent, lui par son narcissisme frôlant la pathologie et ancré dans des traumas d’attachement bien cognés également. La fille aînée que j’étais a trouvé très tôt le refuge de la lecture et de l’intellect pour se construire malgré tout. Les livres furent mes doudous, objets transitionnels pour appréhender un monde alors inquiétant et peu attractif. Les thèmes qui m’ont passionnée successivement, notamment la mythologie gréco-romaine et les récits des survivants de la Shoah, ont apporté à mes cellules un soutien pour m’évader du quotidien et trouver des clefs de résilience. Puis, lorsque ma mère est décédée d’un cancer à 44 ans, j’en avais 16, le désert s’est changé en un lac gelé de dissociation. Investir le cerveau et mes études pour vivre ma propre vie le plus vite possible et m’échapper est devenu ma priorité et cela m’a permis de tenir sans m’effondrer. L’effondrement anxio-borderline viendra plus tard, quand l’espace pour cela s’ouvrira.
 
Aujourd’hui, à la veille de mes 44 ans, après plus de vingt ans de thérapie et d’exploration du vivant en moi là où je croyais être morte, la naissance de ce livre est un cadeau que je m’offre pour honorer la vie en moi et la vie tout court. La vie qui palpite dans tous les êtres de cette planète, du gland germé qui deviendra un chêne solide et protecteur aux enfants qui naissent à chaque instant bien plus éveillés et connectés que nous le fumes il y a quelques décennies. Là où la vie est, l’espoir réside. En ces temps de nuit noire de l’âme collective, il est si essence-ciel que nous nourrissions la force de l’espoir, surtout pour ceux et celles qui la perdent. Soyons les gardiens et gardiennes du vivant et prenons soin de nos liens d’attachement. Apaisons ceux du passé qui resteraient souffrants et créons des liens d’ici et maintenant dans l’être-ensemble. Je me sens personnellement très chanceuse de vivre cette époque formidable et d’être témoin du changement d’ère et d’être en cours. Plus que témoin, je compte bien en être actrice. Nous pouvons tous l’être. Chacun(e) dans son périmètre, quel qu’il soit. Si mon livre ou ces quelques lignes éveillent des pétillements dans des cœurs endormis, cette contribution sera mon chaudoudou du jour. Quelle sera la vôtre ?… Une suggestion : à la fin de ce message, et si vous preniez quelques minutes pour sentir en quoi vous contribuez aussi, dans vos cercles ? Et surtout savourez, savourez vos chaudoudous du moment.
 
Avant de vous laisser œuvrer, quelques mots enfin sur la créativité, car c’est un sujet qui génère beaucoup de blocages et empêche nombre d’entre nous d’accomplir ses « engagements narcissiques » (chapitre 7… bon ben voilà finalement vous n’aurez pas échappé à un teaser 😉). Jusqu’à récemment, je pensais que Mme-la-bonne-fée-de-la-créativité avait passé son chemin en arrivant devant mon berceau, croyant à tort qu’il s’agit là d’une qualité innée, qu’on a ou qu’on n’a pas. Erreur majeure. Nous sommes tous créatifs, tous, sans exception. C’est l’idée de la créativité qu’il s’agit de revoir. Celle-ci, contrairement à mes croyances initiales, ne se résume pas à l’art plastique, la gastronomie, la musique ou encore l’écriture de romans. La créativité est dans la parole inspirée du thérapeute, le pain doré du boulanger, le jeu de mots léger de Mr-tout-le-monde ou encore le sourire soutenant de Mme-votre-voisine. La créativité survient quand on quitte le mental et qu’on redescend dans son cœur, là tout est possible. Je n’aurai jamais cru il y a encore cinq ans que j’allais écrire un livre (et qu’il serait lu !). En descendant dedans, dans mon terreau, riche et infini, comme l’est le vôtre, cela a été possible. Quelle joie et quelle lumière de sentir cela ! Mes amis artistes sauront ce dont je parle. Et si vous êtes de ceux qui ne s’osent pas (encore !) se qualifier ainsi, là aussi prenez quelques minutes et voyez/sentez comment vous êtes déjà artiste de votre vie et savourez… Car c’est la fête des chaudoudous aujourd’hui, comme tous les jours ! 😊
 
Belle lumière à chacun(e),
Gwenaelle