Imaginez que vous montez dans votre voiture, vous démarrez et un voyant rouge s’allume. Bonne ou mauvaise nouvelle ?… Les 50 ans approchent, marre de votre boulot, difficultés dans le couple, votre médecin a prononcé les mots barbares de « syndrome anxiodépressif ». Bonne ou mauvaise nouvelle ?… Les gouvernants enterrent notre belle Marianne avec un énième braquage, l’inflation galope, les institutions agonisent. Bonne ou mauvaise nouvelle ?…

Deux types de remèdes s’offrent à vous, à nous. Option dissociation : arracher le fil électrique du voyant rouge, prendre des petites pilules, se dire qu’ils font de leur mieux et allumer Netflix. Option guérison : descendre dans les profondeurs, que ce soit de la mécanique de la voiture, celle de votre psyché ou celle de notre société, traverser les ombres et peu à peu réinventer nos petits mondes. 

« L’intensification des symptômes signale l’émergence d’un important matériau inconscient et annonce souvent des progrès majeurs dans la thérapie », écrit le psychiatre Stanislav Grof dont les thérapies holotropiques sont ancrées dans cette idée probablement contre-intuitive pour beaucoup.

En janvier 2020, j’évoquais dans un texte la nuit noire de l’âme collective. Je fus surprise quelques mois après par la confirmation de cette intuition. Trois ans plus tard, les symptômes sont intenses, la foi également. Nous pouvons légitimement ressentir cette transition avec impatience, inquiétude voire désespoir par moments. Pourtant que sont quelques années voire décennies à l’échelle de l’histoire ? Rien ou presque. Et, en même temps, ce rien peut être un absolu qui submerge et anéantit dans l’instant à l’échelle de notre fragile et fugace existence terrestre.

Alors comment nourrir la flamme ?

Les mots sont parfois un premier soutien. Voici ceux du Paul Claudel : « Le bonheur est un moyen, non un but ». Sagesse du poète.

Veiller à ce que ma foi ne s’éteigne jamais voire qu’elle grandisse au fil des années est une priorité. Enfant déjà, elle vibrait en moi. Le lien à l’autre, la nature, la transe, la lecture et la musique sont les combustibles de ma flamme personnelle. Ils créent mes petits bonheurs du quotidien, donnent sens au non-sens et expansent mon cœur.

Quels sont les vôtres ? 

Pour ce pas-sage je nous souhaite une belle montée de fièvre.

Qu’elle expulse nos obscurités, que nous cessions d’en avoir peur comme des enfants et puissions convoquer l’adulte sage qui saura alchimiser nos parties blessées, de plomb en or.

Au travail ! Cultivons les graines de bonheur et dansons avec les vagues, la boussole du cœur comme équipage, le numineux comme horizon.

Gwenaelle